Michèle continue à observer l’atmosphère à Paris:
Le temps passe, les événements changent, beaucoup de discussions ont lieu ici (c’est l’aspect positif de l’affaire). Donc l’atmosphère change aussi, moins émotive, avec d’autres interrogations. Le fait que DSK soit autorisé à quitter la prison – avec bien sûr des contraintes fortes – semble provoquer deux effets contradictoires. D’un côté un soulagement (avec le sentiment d’un contraste entre la première comparution ressentie comme violente et unilatérale, avec une juge qui paraissait très hostile, et la seconde phase, au climat beaucoup plus “neutre” et équilibré): la confiance dans la justice américaine revient dans l’opinion, on souligne même ses qualités telles que la rapidité à traiter des affaires, qui en France traînent beaucoup plus.
De l’autre côté – ô contradiction – s’exprime une amertume contre cette situation inégalitaire : les sommes d’argent en jeu sont considérables et témoignent de l’inégalité choquante entre les riches et les pauvres. En France aussi la différence existe mais peut être un peu moins visible. (A voir).
Mais sur la richesse, l’essentiel n’est pas là, on n’accuse pas spécialement la justice américaine, c’est plutôt une certaine hostilité à DSK qui s’exprime dans une partie de la population. De toute façon, il était critiqué en France pour son niveau de fortune. Lui-même le savait et avait dit à un des proches qu’il avait trois obstacles à sa candidature comme président de la République : l’argent, les femmes et la judéité. Tout ceci ressort maintenant.
Comme je te l’ai dit Marine Le Pen – donc extrême droite – était la première à le critiquer, dès le pemier jour, en tant que représentant de l’”élite” coupée du peuple et menant une vie dissolue pendant que les Franais de base travaillent et gagnent.
Bref, le processus se déroule. Au reste, aujourd’hui, les gens, les medias sont déjà un peu moins obnubilés par cette affaire.
Pardonnez-moi, je ne sais pas s’il convient d’écrire en français mais vous avez l’air de le maîtriser alors j’essaie .
Il y a quelque chose de fondamentalement antidémocratique dans le système judiciaire américain ( et dans beaucoup de pays ), c’est le fait que c’est le procureur, c’est-à-dire l’accusation qui dirige l’enquête policière .
Cela oblige l’accusé à payer son avocat pour que celui-ci paye des enquêteurs privés pour trouver des éléments à décharge . Inutile de dire qu’avec ce système les pauvres sont énormément désavantagés . Ce n’est pas le cas de DSK bien sûr .
Je trouve ce fonctionnement tout bonnement monstrueux, sans doute parce que je suis habitué au système français dans lequel, si c’est le procureur qui décide de déclencher une procédure, c’est un juge d’instruction théoriquement neutre qui dirige l’enquête de la police . Il doit rechercher les éléments “à charge et à décharge”, et ceci quel que soit le niveau de fortune de l’accusé . Ce dernier n’a donc pas à payer pour se disculper . Dans la pratique, les juges d’instruction qui fréquentent les mêmes clubs que les magistrats, ont tendance à chercher à accuser plus souvent qu’à disculper, mais au moins dans le principe c’est un système républicain .
Bien entendu les conditions de garde à vue sans avocat au début étaient honteuses et bien inférieures à la justice américaine jusqu’à aujourd’hui, mais la réforme imposée par l’Europe est en train de supprimer ces pratiques totalitaires .
Le sort réservé aux pauvres et aux riches dans les tribunaux américains est incroyablement différent, non seulement pour les mêmes raisons qu’ailleurs, mais aussi parce que c’est officiellement prévu par le système judiciaire .
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